Le songe d'un battoir oublié.

©Philippe Grimard / digitalinn.be (recueil de poésie)

Elle m’avait posé dehors contre les pierres chaudes à côté de l’huis,

Les bras exténués, ses mains ridées par l’onde, usées par le savon,

Le séant posé sur le carrosse réchauffé, le soleil luisant sur le front.

Lointain roulement de brouettes, yeux mi-clos, hypnose sous étui.

 

Leurs caisses ouvertes posées sur le bord de l’eau, sourds échos mouillés,

Au rythme du linge trempé, sur la planche posé, me parvinrent leurs voix.

De sa savonnée libéré, bleu azur ajouté, battoir pesant en main, essoré.

Une douce complainte par ce rythme cadencée réchauffa mon vieux bois.

 

Les genoux, de paille et quelques chiffons sommairement protégés,

Sabots calés sur le sol, empoignant les pognes, paluches agitées,

Symphonie pour palettes, accords grégaires en clapotis répétés,

Frottis de chiendent, de source en gargouillis, rengaine du passé.

 

 

©Philippe Grimard (Bagimont 18 avril 2024) – Digital’Inn

 

Paru dans MAUGIS 84
Revue littéraire trimestrielle des Amis de l’Ardenne.
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©Philippe Grimard / digitalinn.be (recueil de poésie)